Quand je suis tombée enceinte de notre 7e enfant, j’ai vraiment capoté. Non pas que je n’étais pas heureuse d’avoir un nouveau mini à cajoler, mais mon principal malaise était relié aux apparences. Je suis un peu honteuse de dire que je me souciais de ce que les autres allaient penser, mais c’est la pure vérité. C’est facile de se dire qu’on s’en fout des autres et de ce qu’ils pensent. Mais, pour moi, c’est plus difficile de vraiment le penser et, surtout, le ressentir. J’ai donc caché cette grossesse le plus longtemps que j’ai pu. Pour ne pas recevoir de commentaires et de paroles blessantes. Des fois, ce n’est même pas des mots, mais juste des faces qui ne mentent pas. Comme si on avait une maladie ou un handicap. Comme si on faisait pitié. Des fois, ça se veut même des paroles gentilles, du genre : « Oh, vous êtes courageux! » ou « Grosse famille! » Ça surprend les gens.
Une fois, lorsque j’étais enceinte de Gisèle, ma 4e, j’ai demandé à la mère de ma meilleure amie, qui avait eu 5 enfants, si on venait à le savoir un jour qu’on avait fini notre famille et qu’on en voulait vraiment plus d’autres… Si on venait à se dire : « OK, j’en ai assez là, des enfants. » Si ce désir de maternité vient par s’éteindre. On s’arrête quand? Elle m’avait confié que son mari, après le 4e, était pas sûr-sûr de vouloir s’arrêter. Il ne se sentait pas prêt. Je me suis sentie exactement comme ça. À chaque fois que je me disais que c’était mon dernier, j’me mettais à brailler. Bon, soit que j’étais sur le bord de pondre Gisèle ou de l’allaiter, ce qui n’aide pas vraiment à relativiser quand tu es pleine d’hormones. Mais, tout de même. On hésitait après la naissance de la petite. On s’était même dit qu’on attendrait 3 ans, juste pour voir si on voulait encore vivre ça. Sauf que, un soir, je me suis laissée amadouer… (Oh, confidence!)
Là, je suis enceinte de mon 5e (notre 7e collectivement) et DERNIER enfant. Et je peux vous garantir que je le ressens puissance 1000 que c’est mon dernier. Je n’ai même pas un mini doute que peut-être que… NON. C’est le dernier, point. J’ai même le sentiment d’accomplissement qui m’habite. Peut-être parce que c’est un garçon. Magie! Ça m’a pris 5 enfants pour avoir 1 garçon. Parce que 6 filles dans la maison, j’avoue que c’est trop. Déjà qu’avec 5 filles qui veulent jouer avec le make-up à maman, il ne me reste plus grand rouge à lèvres ni poudre après leur passage. C’est toujours agréable de retrouver son crayon noir à yeux avec plus de mine au bout ou des traces de petits ongles dans la poudre à paupières et tous les pinceaux mouilleux de bave.
Je mentirais si je vous disais que, des fois, j’envie pas ma sœur avec ses 2 enfants de presque 10 ans et la liberté qu’elle peut avoir. Et là, je me regarde avec mes couches que je traîne dans ma sacoche depuis bientôt 8 ans. Un jour que j’étais bien découragée (oui, parfois, on braille notre vie pis on a envie de se faire un 10 minutes de chialage existentiel), ma mère m’a dit quelque chose de merveilleux. Entk, pour moi. Elle m’a dit, voyant ma détresse (et je n’avais que 1 seul bébé à ce moment-là) : « Tu sais, Anne, cette situation n’est pas éternelle. Ça ne va pas être toujours comme ça. »
Bon, OK, il n’y a pas de quoi révolutionner la recette du bonheur ici, mais elle voulait me dire que les enfants vont grandir, qu’un jour, les couches finissent, et que je n’étais pas confinée dans ma maison avec juste 1 bébé à qui parler et être habillée en mou pour le restant de mes jours. C’est juste une passe, une époque, un moment dans une vie. Et chaque jour qui se termine nous éloigne des moments dont nous nous ennuierons immanquablement. Aujourd’hui encore, lorsque je suis découragée, je pense à ça. Et ça me recadre dans le moment présent, et je me sens toujours vraiment chanceuse de vivre cette vie de famille, une vie un peu de fous.
En fait, c’est vrai que ça prend du courage pour avoir 7 enfants, mais ça en prend aussi pour avoir 1, 2 ou 3 enfants. Et aussi, j’ajouterais même un peu de folie. Mais nous sommes tellement riches d’avoir bientôt 7 beaux enfants qui crient et qui nous font rire et chialer chacun à leur tour. Je nous trouve tellement chanceux quand je les vois tous assis autour de la table du dimanche matin avec le tour de la bouche pleine de chocolat, les mains collantes, que les grands aident les plus petits à mettre beaucoup trop de sirop d’érable sur les crêpes et que bb Gisèle, assise dans sa chaise haute, se fait lécher la main et la moitié du bras par le chien, je nous trouve vraiment chanceux.
À toutes les familles uniques en leur genre, courage, tenons bon!
Anne + 8
Une réponse à “Avoir un 7e enfant et se foutre de la normalité”
[…] — Ooohh, grosse famille! (Voir pourquoi j’adore ce commentaire ici) […]