J’étais dans un 5 à 7 l’autre soir et je discutais avec un collègue de bébés et de tout ce qui entoure le sujet. Son deuxième bébé avait tout juste 3 mois. Il me dit ceci :

— Eille, vous autres, vous devez dormir genre 4 minutes par nuit.

— Pantoute, pourquoi?

— Ben, à 7 enfants, ça doit se réveiller sans arrêt. Quand c’est pas un, c’est l’autre.

Je lui répondis qu’on dort et ronfle no matter what et que s’ils se réveillent, eh ben, c’est pas mon problème. Ils ont juste à se rendormir. On les a drillés assez serré, je l’avoue.

C’est pas qu’on a pas de cœur ni qu’on ne veut pas leur donner d’affection, mais si je dors pas la nuit, ben leur maman/belle-maman pourra tout simplement pas s’occuper d’eux le matin venu.

Nous avons la chance d’avoir une grande maison. Les chambres des enfants sont à une extrémité et celle des parents à l’autre extrémité. Donc, on ne les entend à peu près pas. Ce qui, selon moi, est une très bonne chose pour faire des nuits magiques et complètes.

Anyway, c’est clair que s’il y a un problème, vous pouvez être sûrs qu’on va être au courant. Les enfants aiment tellement ça rapporter. Ils sont 6 à potentiellement venir nous avertir. Il y aura certainement quelqu’un (de très très courageux, faut lui donner ça) qui va venir me taper sur l’épaule et me dire : « Maman, Romane pleure. »

Quelquefois, au début de la nouvelle cohabitation de famille recomposée, la nuit, je me réveillais parce que je sentais une présence. J’ouvrais les yeux et il y avait Alice debout à côté du lit en jaquette qui nous fixait dans le noir. God, je faisais le saut à toutes les fois.

Ils se sont tous essayés les uns après les autres à venir nous trouver. Certains plus que d’autres. À force de toujours se faire renvoyer et d’avoir à retourner seul dans son lit, l’idée a fait son chemin. Constance, tout le monde, constance.

Ça semble être pas mal acquis maintenant pour tout un chacun qu’on va juste réveiller maman pis papa juste si y’a un feu ou que tu es extrêmement malade.

Clairement, pour mon interlocuteur, ça ne se passait pas comme ça chez lui. C’est sûr qu’à 3 mois, il est possible (très possible) de se lever la nuit. Mais j’avoue que dans le domaine des nuits de nouveau-né, on a été pas mal chanceux.

Il a semblé encore plus étonné quand il m’a demandé où on plaçait tous ces enfants-là. Nous avons 3 chambres pour les enfants : ils sont donc présentement 2 par 2. Ce qui se gère assez bien. On a beaucoup joué à la chambre musicale afin de trouver le fit idéal. Toutefois, l’idéal est toujours assez éphémère chez nous avec les humeurs, les demandes et, surtout, les âges qui avancent.

Le 7^e, on a prévu l’installer dans une garde-robe proche de notre chambre. Mais une grande garde-robe. Avec une fenêtre. Là, j’ai vu que je venais de perdre mon collègue – à voir la grandeur de ses yeux et sa bouche ouverte.

Je me rends compte qu’on est les personnes les moins stressées au monde avec l’arrivée de notre 7^e. Ce qu’il y a de merveilleux à faire plusieurs enfants avec un nouveau conjoint, c’est que tu peux vraiment te créer ta façon à toi et lui de gérer les enfants. Et ce qu’il y a de merveilleux aussi à faire beaucoup d’enfants, c’est que l’arrivée du dernier se fait dans une douceur infinie. Aussi, le versement des allocations familiales est merveilleux et doux avec beaucoup de progénitures.

L’autre soir, avec mon mari, on parlait justement de l’arrivée du dernier et il me dit : that’s the way I like to have kids. Je sais pas pourquoi il l’a dit en anglais, mais c’était vraiment ça pour moi aussi. On se sent bien et à la bonne place. On a le temps de changer les habitudes qu’on avait pris avant de rencontrer l’autre.

Veux, veux pas, on s’était créé des manies et des façons de faire pour élever la marmaille. Tout se chamboule quand on entre un étranger dans l’équation.

Donc, pour nous, avec la quantité d’enfants sous le même toit, c’est vraiment important d’avoir notre espace juste à nous, les amoureux. Notre chambre, c’est notre petit refuge sans enfants quand on a besoin de silence loin du tourbillon, et ils ont tous appris à respecter ça – ou sont en cours d’apprentissage….

Parce que de se retrouver à 9 dans un lit le matin avec les couches qui débordent, les biberons de lait qui coulent, les graines de toasts et les milliards de doudous et de toutous, y’en a toujours un qui écrase le bras ou les cheveux de l’autre… Ç’a ben beau être un lit king, c’est pas full romantique. À un moment donné, faut savoir dire non et apprendre à notre marmaille ce qu’est une bulle, un espace.

Et comme dirait mon cher feu papa, quand y’a pas de couple, y’a pas de famille… recomposée ou non.

Mais, parfois, en cachette, on fait des petites exceptions parce qu’ils sont trop cutes.

Romane, sur le bord du cadre de porte, qui dit :

— Maman, t’as-tu fini dodooooo?

— Mmouuui…

— Peeeeuuu veeeenir?

 

Comment résister? Moi, chu pas capable.

 

Anne + 8